Vendredi 2 octobre
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Peinture: Artemisia Gentileschi "Venus et Cupidon"
Il est passé, ce moment des plaisirs
dont la vîtesse a trompé mes desirs ;
il est passé ; ma jeune et tendre amie,
ta jouissance a doublé mon bonheur.
Ouvre tes yeux noyés dans la langueur,
et qu' un baiser te rappelle à la vie.
Celui-là seul connoît la volupté,
celui-là seul sentira son ivresse,
qui peut enfin avec sécurité
sur le duvet posséder sa maîtresse.
Le souvenir des obstacles passés
donne au présent une douceur nouvelle ;
à ses regards son amante est plus belle ;
tous les attraits sont vus et caressés.
Avec lenteur sa main voluptueuse
d' un sein de neige entr' ouvre la prison,
et de la rose il baise le bouton
qui se durcit sous sa bouche amoureuse.
Lorsque ses doigts, égarés sur les lis,
viennent enfin au temple de Cypris,
de la pudeur prévenant la défense,
par un baiser il la force au silence.
Il donne un frein aux aveugles desirs ;
la jouissance est long-tems différée ;
il la prolonge, et son ame enivrée
boit lentement la coupe des plaisirs.
éléonore, amante fortunée,
reste à jamais dans mes bras enchaînée.
Trouble charmant ! Le bonheur qui n' est plus
d' un nouveau rouge a coloré ta joue ;
de tes cheveux le ruban se dénoue,
et du corset les liens sont rompus.
Ah ! Garde-toi de ressaisir encore
ce vêtement qu' ont dérangé nos jeux ;
ne m' ôte point ces charmes que j' adore,
et qu' à la fois tous mes sens soient heureux.
Nous sommes seuls, je desire, et tu m' aimes ;
reste sans voile, ô fille des amours !
Ne rougis point ; les graces elles-mêmes
de ce beau corps ont formé les contours.
Partout mes yeux reconnoissent l' albâtre,
partout mes doigts effleurent le satin.
Foible pudeur, tu résistes en vain,
des voluptés je baise le théâtre.
Pardonne tout, et ne refuse rien,
éléonore ; amour est mon complice.
Mon corps frissonne en s' approchant du tien.
Plus près encor, je sens avec délice
ton sein brûlant palpiter sous le mien.
Ah ! Laisse-moi, dans mes transports avides,
boire l' amour sur tes lèvres humides.
Oui, ton haleine a coulé dans mon coeur,
des voluptés elle y porte la flamme ;
objet charmant de ma tendre fureur,
dans ce baiser reçois toute mon ame.
à ces transports succède la douceur
d' un long repos. Délicieux silence,
calme des sens, nouvelle jouissance,
vous donnez seuls le suprême bonheur !
Puissent ainsi s' écouler nos journées
aux voluptés en secret destinées !
Qu' un long amour m' assure tes attraits ;
qu' un long baiser nous unisse à jamais.
Laisse gronder la sagesse ennemie ;
le plaisir seul donne un prix à la vie.
Plaisir, transports, doux présens de Vénus,
il faut mourir, quand on vous a perdus !
Evariste de Parny
Par Sensualitesetdouceurs
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Vendredi 25 septembre
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07:51
Peinture: J.W.Waterhouse "Ariane endormie"
Au choc clair et vibrant des cymbales d'airain,
Nue, allongée au dos d'un grand tigre, la Reine
Regarde, avec l'Orgie immense qu'il entraîne,
Iacchos s'avancer sur le sable marin.
Et le monstre royal, ployant son large rein,
Sous le poids adoré foule la blonde arène,
Et, frôlé par la main d'où pend l'errante rêne,
En rugissant d'amour mord les fleurs de son frein.
Laissant sa chevelure à son flanc qui se cambre
Parmi les noirs raisins rouler ses grappes d'ambre,
L'Epouse n'entend pas le sourd rugissement ;
Et sa bouche éperdue, ivre enfin d'ambroisie,
Oubliant ses longs cris vers l'infidèle amant,
Rit au baiser prochain du Dompteur de l'Asie.
José-Maria HEREDIA
Par Sensualitesetdouceurs
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Jeudi 24 septembre
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11:39
Photo: Eliane Excoffier "Obscure"link
Grain satin et soyeux de ta peau
me donnent frissons, douceur exquise.
Quand mes mains, ma langue, ma bouche,
de ton corps proie soumise,
se repaissent à ne plus faim !
Découvrir tes endroits les plus secrets,
endroits interdits aux étrangers.
Tu es ma Terre, je suis ton roi,
prêts à querelle si l'on t'ôte à moi.
Tes courbes sont comme océans et mers à dompter,
telle une Armada je m'y lance à naviguer.
Mouvements de tes hanches, comme flots déchaînés,
m'enfoncent en toi, pour m'y noyer.
Découvrir tes endroits les plus secrets,
endroits interdits aux étrangers.
Tu es la Mer, je suis ton roi,
comme Poseidon vivant en toi.
A ta fontaine d'Amour je veux m'arrêter,
pour y déposer un doux et long baiser.
Y assouvir ma soif de désir,
en buvant ton hydromel du jouir.
Découvrir tes endroits les plus secrets,
endroits interdits aux étrangers.
Tu es fontaine de l'Amour,
je m'y baigne comme aux beaux jours... Mon Amour.
Inconnu
Par Sensualitesetdouceurs
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2
Jeudi 24 septembre
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11:33
Maintenant que l'Amour renaît heureusement
Et qu'à ce beau printemps il commande qu'on plante
D'un Mai long et dressé la désirable plante
Il faut suivre l'arrêt de son commandement.
J'ai un Mai long et gros et fort également,
Poussant devers le haut une verdeur plaisante,
Qui frisonne sa cime en tout temps verdoyante
Et qui se peut planter assez facilement.
Ma dame, permettez que l'on m'ouvre la porte,
Et je le planterai sur la petite motte
Qui de votre maison remarque le milieu ;
Je le mettrai tout droit dessous votre croisée
Où en petits frisons la terre relevée
Fait l'endroit plus plaisant qui soit en tout le lieu.
Béroalde de VERVILLE
Par Sensualitesetdouceurs
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Dimanche 20 septembre
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08:15
Sculpture: Patricia Reno "Femme allongée" link
Mon coeur était jadis comme un palais romain,
Tout construit de granits choisis, de marbres rares.
Bientôt les passions, comme un flot de barbares,
L'envahirent, la hache ou la torche à la main.
Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain.
Vipères et hiboux. Terrains de fleurs avares.
Partout gisaient, brisés, porphyres et carrares ;
Et les ronces avaient effacé le chemin.
Je suis resté longtemps, seul, devant mon désastre.
Des midis sans soleil, des minuits sans un astre,
Passèrent, et j'ai, là, vécu d'horribles jours ;
Mais tu parus enfin, blanche dans la lumière,
Et, bravement, afin de loger nos amours,
Des débris du palais j'ai bâti ma chaumière.
François Coppée
Par Noor Delice
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