Poèmes

Vendredi 14 août 5 14 /08 /Août 21:56




Aujourd'hui dans tes bras j'ai demeuré pâmée,
Aujourd'hui, cher Tirsis, ton amoureuse ardeur
Triomphe impunément de toute ma pudeur
Et je cède aux transports dont mon âme est charmée.
 
Ta flamme et ton respect m'ont enfin désarmée ;
Dans nos embrassements, je mets tout mon bonheur
Et je ne connais plus de vertu ni d'honneur
Puisque j'aime Tirsis et que j'en suis aimée.
 
O vous, faibles esprits, qui ne connaissez pas
Les plaisirs les plus doux que l'on goûte ici-bas,
Apprenez les transports dont mon âme est ravie !
 
Une douce langueur m'ôte le sentiment,
Je meurs entre les bras de mon fidèle Amant,
Et c'est dans cette mort que je trouve la vie.


                                                                   Marie-Catherine-Hortense de VILLEDIEU

Par Noor Delice - Publié dans : Poèmes
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Vendredi 14 août 5 14 /08 /Août 21:36





Il est un jeu divertissant sur tous.
Jeu dont l'ardeur souvent se renouvelle:
Il divertit & la laide & la belle.
Soit jour, soit nuit, à toute heure il est doux:
Devinez donc comment ce jeu s'appelle.
Le beau du jeu n'est connu que de l'époux;  
C'est chez l'Amant que ce plaisir excelle:
De regardant pour y juger des coups,  
Il n'en faut point, jamais on ne s'y querelle.  
Devinez donc comment ce jeu s'appelle.
 
Qu'importe ? Sans s'arrêter au nom,
Ni badiner là-dessus davantage,  
Je vais encore vous en dire un usage,
Il fait venir l'esprit et la raison.
Nous le voyons en maint bestiole.
 
Avant que Lise allât en cette école,
Lise n'était qu'un misérable oison.
Coudre & filer était son exercice;
Non pas le sien, mais celui de ses doigts;
Car que l'esprit eût part à cet office,
Ne le croyez pas; il n'était nul emplois
Où Lise pût avoir l'âme occupée:
Lise songeait autant que sa poupée.
Cent fois le jour sa mère lui disait,
Va-t-en chercher de l'esprit, malheureuse.
La pauvre fille aussitôt s'en allait
Chez ses voisins, affligée & honteuse,
On en riait; à la fin on lui dit,
Allez trouver le père Bonaventure,
Car il en a bonne provision.
 
 
Incontinent la jeune créature
S'en va le voir, non sans confusion:
Elle craignait que ce ne fût dommage
De détourner un tel personnage.
Me voudrait-il faire de tels présents
A moi qui n'ai que quatorze ou quinze ans?
Vaux-je cela ? disait en soi la belle.
Son innocence augmentait ses appas:
Amour n'avait à son croc de pucelle
Dont il crût faire un aussi bon repas.
Mon Révérend, dit-elle au béat homme,
Je viens vous voir; des personnes m'ont dit,
Qu'en ce Couvent on vendait de l'esprit:
Vôtre plaisir ferait-il qu'à crédit
J'en pûsse avoir ? Non pas pour grosse somme;
A gros achat mon trésor ne suffit:
Je reviendrait s'il m'en faut davantage:
Et cependant prenez ceci en gage.
A ce discours, je sais quel anneau,
Qu'elle tirait de son doigt avec peine,
Ne venant point, le Père dit, tout beau,
Nous pourvoirons à ce qui vous amène
Sans exiger nul salaire de vous:
Il est marchande & marchande entre nous:
A l'une on vend ce qu'à d'autres on donne.
 
Entrez ici, suivez-moi hardiment;
Nul ne nous voit, aucun ne nous entend,
Tous sont au choeur; le portier est personne  
Entièrement à ma dévotion;
Et ces murs ont de la discrétion.
Elle le suit, ils vont à sa Cellule.
Mon Révérend la jette sur un lit;
Veut la baiser, la pauvrette recule
Un peu la tête, & l'innocente dit:
Quoi, c'est ainsi qu'on donne de l'esprit?
Et vraiment oui, repart sa Révérence;
Puis il lui met la main sur le téton.
Encore ainsi ? Vraiment, oui, comment donc?
La belle prend le tout en patience:
Il suit sa pointe, & d'encore en encore,
Toujours l'esprit s'insinue & s'avance,
Tant & si bien qu'il arrive à bon port.
Lise riait du succès de la chose.
Bonaventure à ce moment là
Donne d'esprit une seconde dose.
Ce ne fut pas tout, une autre succéda;
La charité du beau Père était grande.
Et bien, dit-il, que pensez-vous du jeu?
A nous venir l'esprit tarde bien peu,
reprit la belle; & puis elle demande,
Mais s'il s'en va? Nous verrons;
D'autres secrets se mettent en usage.
N'en cherchez point, dit Lise, davantage;
De celui-ci nous recommencerons
Au pis aller, tant & tant qu'il suffise.
Le pis aller sembla le mieux à Lise.
Le secret même encore se répéta
Par le même Pater ; il aimait cette dance.
Lise lui fait une humble révérence;
Et s'en retourne en songeant à cela.
Lise songer! Quoi déjà Lise songe!
Elle fait plus, elle cherche un mensonge,
Se doutant bien qu'on lui demanderait,
Sans y manquer, d'où ce retard venait.
 
Deux jours après, sa compagne Nanette
S'en vient la voir : pendant leur entretien
Lise rêvait : Nanette comprit bien,
Comme elle était clairvoyante & finette,
Que Lise alors ne rêvait pas pour rien.
Elle fait tant, tourne tant son amie,
Que celle-ci lui déclare le tout.
L'autre n'était pas à l'ouïr endormie.
Sans rien cacher, Lise de bout en bout,
De point en point lui conte le mystère,
Dimensions de l'esprit du beau Père,
Et les encore, enfin tout le Phoebé.
Mais vous, dit-elle, apprenez-nous de grâce
Quand et par qui l'esprit vous fut donné.
Anne reprit : puisqu'il faut que je fasse
Un libre aveu, c'est vôtre frère Alain
Qui m'a donné de l'esprit un beau matin.
Mon frère Alain! Alain! S'écria Lise,
Alain mon frère! Ah, je suis bien surprise;
Il n'en a point, comment en donnerait-il?
Sotte, dit l'autre. Hélas! Tu n'en sais guère:  
Apprends de moi que pour pareille affaire
Il n'es besoin que l'on soit si subtil.
Ne me crois tu pas ? Sache-le de ta mère,
Elle est experte au fait dont il s'agit;
Sur ce point là l'on t'aura bientôt dit,
Vivent les sots pour donner de l'esprit. 


                                                                                      Jean de la Fontaine 

Par Noor Delice - Publié dans : Poèmes
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Mercredi 12 août 3 12 /08 /Août 11:26






Au point que j'expirais, tu m'as rendu le jour
Baiser, dont jusqu'au coeur le sentiment me touche,
Enfant délicieux de la plus belle bouche
Qui jamais prononça les Oracles d'Amour.
 
Mais tout mon sang s'altère, une brûlante fièvre
Me ravit la couleur et m'ôte la raison ;
Cieux ! j'ai pris à la fois sur cette belle lèvre
D'un céleste Nectar et d'un mortel poison.
 
Ah ! mon Ame s'envole en ce transport de joie !
Ce gage de salut, dans la tombe m'envoie ;
C'est fait ! je n'en puis plus, Élise je me meurs.
 
Ce baiser est un sceau par qui ma vie est close :
Et comme on peut trouver un serpent sous des fleurs,
J'ai rencontré ma mort sur un bouton de rose. 
 

                                                                           François Tristan L'Hérmite

Par Noor Delice - Publié dans : Poèmes
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Dimanche 9 août 7 09 /08 /Août 17:15




Tu es l’horreur de la nuit
Je t’aime comme on râle
Tu es faible comme la mort
Je t’aime comme on délire
Tu sais que ma tête meurt

Tu es l’immensité la peur
Tu es belle comme on tue
Le coeur démesuré j’étouffe
Ton ventre est nu comme la nuit.
Je mets mon vit contre ta joue

Le bout frôle ton oreille
Lèche mes bourses lentement
Ta langue est douce comme l’eau
Ta langue est crue comme une bouchère
Elle est rouge comme un gigot

Sa pointe est un coucou criant
Mon vit sanglote de salive
Ton derrière est ma déèsse
Il s’ouvre comme ta bouche
Je l’adore comme le ciel

Je le vénère comme un feu
Je bois dans ta déchirure
J’étale tes jambes nues
Je les ouvre comme un livre
Où je lis ce qui me tue.

Ma putain
Mon coeur
Je t’aime comme on chie
Trempe ton cul dans l’orage
Entourée d’éclairs

C’est la foudre qui te baise
Un fou brame dans la nuit
Qui bande comme un cerf
Qui dévorent les chiens
La mort éjacule en sang

J’ouvre le ciel comme on ouvre la gorge
Des mourants
Je suis calme comme un taureau
Qui meugle sous la pluie
Je ne suis pas un homme

Je meugle
Je suis plus idiot que la foudre
Qui éclate de rire
Je veux faire un vacarme
Si grand

Qu’on ne s’entendra plus.
Ma folie et ma peur
Ont de grands yeux morts
La fixité de la fièvre.
Ce qui regarde dans ces yeux

Est le néant de l’univers
Mes yeux sont d’aveugles ciels
Dans mon impénétrable nuit
Est l’impossible criant
Tout s’effondre.

Bande-moi les yeux
J’aime la nuit
Mon coeur est noir
Pousse-moi dans la nuit
Tout est faux

Je souffre
Le monde sent la mort
Les oiseaux volent les yeux crevés
Tu es sombre comme un ciel noir.
Gonflée comme ma pine ma langue

Dans ta gorge d’amour rose
Ma vulve est ma boucherie
Le sang rouge lavé de foutre
Le foutre nage dans le sang
Dans mes bras mauves le parfum de pomme

Le panthéon de la bitte majestueuse
Un cul de chienne ouvert
A la sainteté de la rue
’amour chevelu de ma jambe
Un panthéon de foutre

Je dors
La bouche ouverte dans l’attente
D’une pine qui m’étrangle
D’un jet fade d’un jet gluant
L’extase qui m’encule est le marbre

De la verge maculée de sang
Pour me livrer aux vits
J’ai mis
Ma robe à fendre l’âme.
Mademoiselle mon coeur

Mise à nue dans la dentelle
La bouche parfumée
Le pipi coule de ses jambes
L’odeur maquillée de la fente
Est laissée au vent du ciel

Un nuage
Dans la tête
Se réfléchit à l’envers
Une merveilleuse étoile
Tombe

Coeur criant comme la bouche
Le coeur manque
Un lis est brûlant
Le soleil ouvre la gorge.
 

                                                                                     George Bataille

Par Noor Delice - Publié dans : Poèmes
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Dimanche 9 août 7 09 /08 /Août 16:59




De tes hanches à tes pieds
je veux faire un long voyage
 
Moi, plus petit qu'un insecte
 
Je vais parmi ces collines,
elles sont couleur d'avoine
avec des traces légères
que je suis seul à connaître,
des centimêtres roussis,
de blafardes perspectives.
 
Là se dresse une montagne.
Jamais je n'en sortirai.
Ô quelle mousse géante!
Et un cratère, une rose
de feu mouillé de rosée!
 
par tes jambes je descends
en filant en spirale
ou dormant dans le voyage
et j'arrive à tes genoux,
à leur ronde dureté
pareille aux âpres sommets
d'un continent de clarté.
 
Puis je glisse vers tes pieds
et vers les huits ouvertures
de tes doigts, fuseaux pointus,
tes doigts lents, péninsulaires,
et je tombe de leur haut
dans le vide du drap blanc
où je cherche,insecte aveugle
et affamé ton contour
de brûlante poterie !




                                                                                    Pablo Néruda

Par Noor Delice - Publié dans : Poèmes
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