Jean-Pierre Velly
[ Bacchus poursuit Érigone, fille d'Icare, vierge qui lui est sacrifiée mais qui s'est échappée... ]
(...)
Elle court et s'enfonce en d'épaisses forêts.
Un jeune enfant s'y joue, et de leurs voûtes sombres
La Druade à ses jeux prête les vertes ombres ;
Il rit dans la fougère, et ses yeux pétillants
Sont des pleurs de la joie humides et brillants ;
Blond, charmant, coloré d'une flamme vermeille,
C'est l'Amour enivré par les fruits de la treille*
Les Nymphes sur des fleurs le roulent en riant.
L'une d'elles, que presse un Faune impatient,
Seule, en un lieu secret où son amant l'implore,
Etanche en se pâmant la soif qui le dévore.
L'heureux Faune, courbant sa tête en ses genoux,
A peine de la coupe atteint les bords si doux,
Qu'enflammant son Hébé défaillante, égarée,
Sa lèvre ardente, avide, et sa langue altérée,
Puisent le doux nectar, source de ses plaisirs,
Qui l'abreuve à longs traits d'amour et de désirs.
(...)
Entre mille cailloux où babillent ses flots ;
Asile de fraîcheur, et d'ombre, et de repos.
Ses rocs sont tapissés d'une vigne rampante
Qui défend son entrée, et s'élève, et serpente
En rameaux, en festons** riches de pourpre et d'or.
Fuis, Érigone, fuis : Bacchus te suit encor
C'est lui qui, te cachant un piège et son visage,
S'est revêtu d'écorce et couvert de feuillage.
La nymphe, qui l'ignore, à des zéphyrs discrets
Croit, seule et sans péril, confier ses attraits.
Déjà ses vêtements, jetés sur la verdure,
Ont voltigé loin d'elle, et sa seule parure
Est le voile ondoyant de ses cheveux épars.
La treille insidieuse a tenté ses regards.
Imprudente ! Elle court à ses fruits attirée.
Et, par sa prompte course et ses feux altérée,
S'abreuve à ses raisins, et pend à ses rameaux.
Mais tel qu'on voit le lierre embrasser les ormeaux,
Telle aussitôt la vigne, amante d'Érigone,
De ceps entrelacés l'enchaîne et l'environne.
Elle veut rompre alors les invincibles nœuds
Dont la pressent partout les pampres amoureux ;
Et cédant aux liens où Bacchus la resserre,
Tour à tour elle pleure et rit dans sa colère :
Et vaincue, et pâmée, un obstacle plus doux
Entre les bras du dieu captive son courroux.
Népomucène Lemercier
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