Jeudi 13 août
4
13
/08
/Août
14:11
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de
baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitues en étreignant
ton ombre a se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années je deviendrais
une ombre sans doute.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute
que je m'éveille. Je dors debout, le corps expose a toutes
les apparences de la vie et de l'amour et toi le seul(la seule)qui
compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher
ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier
front venu.
J'ai tant rêvé de toi, toi marche, parle, couché avec
ton fantôme qu'il ne me reste plus peut être, et pourtant,
qu'a être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent
fois que l'ombre qui se promène et se promènera
allègrement sur le cadran solaire de ta vie.
Robert Desnos
Par Noor Delice
-
Publié dans : Robert Desnos, 1900-1945
1
Derniers Commentaires