Le blog Sensualité et Douceurs


                                                                                                      Dessin de Rodin




I. LES POILS
  Un rayon du soleil levant caresse et dore Sa chair marmoréenne et les poils flavescents Ô que vous énervez mes doigts adolescents Grands poils blonds qui vibrez dans un frisson d’aurore.   Quand son corps fatigué fait fléchir les coussins La touffe délicate éclaire sa peau blanche Et je crois voir briller d’une clarté moins franche Sous des cheveux moins blonds la chasteté des seins,   Et sous des cils moins longs les yeux dans leur cernure. Car ses poils ont grandi dans leur odeur impure La mousse en est légère et faite d’or vivant   Et j’y vois les reflets du crépuscule jaune ; Aussi je veux prier en silence devant Comme une Byzantine aux pieds d’un saint icône.


 
II. LES POILS   Quand j’énerve mes doigts dans vos épaisseurs claires Grands poils blonds, agités d’un frisson lumineux, Je crois vivre géante, aux âges fabuleux Et broyer sous mes mains les forêts quaternaires.   Quand ma langue vous noue à l’entour de mes dents Une autre nostalgie obsède mes narines : Je crois boire l’odeur qu’ont les algues marines Et mâcher des varechs sous les rochers ardents.   Mais mes yeux grands ouverts ont mieux vu qui j’adore : C’est un peu d’océan dans un frisson d’aurore, La mousse d’une lame, un embrun d’or vivant,   Flocon vague oublié par la main vénérée Qui façonna d’écume et de soleil levant Ta peau blanche et ton corps splendide, Cythérée !


                                                                                             Pierre Louÿs 
Mar 18 aoû 2009 Aucun commentaire